Range : Le règne des généralistes

Sommaire

Dans cet article, je vous propose une analyse du livre Range : Le règne des généralistes - Pourquoi ils triomphent dans un monde de spécialistes (titre original : Range: Why Generalists Triumph in a Specialized World), de David Epstein, que j’ai terminé il y a quelques semaines. J’ai découvert ce livre lors d’un podcast Leadercast de Rudy Coia. Vous pouvez retrouver l’épisode ici.

Introduction

Tout d’abord, vous vous en doutez sinon je ne lui aurai pas dédié d’article, je tiens à dire que c’est un très bon livre, classé Bestseller du New York Times et dans le TOP 5 de Bill Gates des livres à lire de l’année 2020 (je vous laisserai vous faire votre avis sur ces critères). L’auteur avait déjà écrit Le gène du sport, qui est apparemment un excellent livre très renommé. Il est d’ailleurs dans ma liste de livres à lire. Dans Range, David Epstein développe un argumentaire autour de la spécialisation des compétences dans n’importe quel domaine par opposition à la généralisation des compétences sur plusieurs domaines. Il explore les limites auxquelles se heurtent les personnes très spécialisées ou spécialisées très rapidement et les bénéfices d’avoir un panel de connaissances dans plusieurs domaines. Ce livre m’a marqué car j’arrive bien à transposer les concepts sur moi-même. En effet, je me suis spécialisé rapidement dans la cybersécurité qui devint mon domaine de travail principal, mais je me suis rendu compte ces dernières années, en explorant d’autres passions (musculation, nutrition, astronomie, etc.) que j’arrivais à reproduire des concepts de réflexion et d’organisation assez facilement au fur et à mesure que je me spécialisais dans plusieurs domaines.

Range : la revanche des généralistes ?

Réfléchir, apprendre et réussir comme un généraliste

L’auteur décrit, au travers de nombreux exemples, comment des personnalités ont réussi de brillantes carrières en ayant travaillé dans plusieurs domaines : champions d’échec, sportif de haut niveau, musiciens, chefs d’entreprise, ingénieurs… On pourrait facilement reprocher à l’auteur de ne montrer que les cas ayant réussi et ainsi facilement promouvoir les généralistes au mépris des spécialistes qui peuvent pourtant aussi accomplir de grandes choses et dont les exemples ne manquent pas. A cela je dirai d’abord que l’argumentaire est excellent, vraiment bien construit autour d’exemples marquants et variés. Ensuite, je dirai que l’auteur ne ferme pas la porte aux spécialistes, très répandus, admettant que la réussite n’est pas réservée qu’aux généralistes, mais il souhaite plutôt mettre en avant les généralistes peut-être sous-côtés et ainsi vanter les mérites de s’intéresser à plusieurs domaines, après ou avant une spécialisation. Il explique aussi que les généralistes ont souvent besoin de s’entourer d’hyperspécialistes offrant une sorte de complémentarité.

En outre, de nombreuses méthodes de réflexion sont abordées. J’ai beaucoup aimé découvrir les concepts de pensée latérale et de vision externe. L’idée est d’arriver à résoudre des problèmes sans être forcément spécialisé dans la thématique associée. En fait, il s’agit plutôt d’utiliser des similitudes ou analogies en sortant des solutions éprouvées ne pouvant pas forcément répondre au problème ou omettant des éléments importants. Un exemple de processus cognitif qui m’a marqué est le problème des radiations de Karl Duncker, proposant au lecteur de sauver un patient atteint d’une tumeur à l’aide de l’histoire de la conquête d’une forteresse et de celle de pompiers impliqués dans un incendie.

Il y a un autre aspect que j’ai trouvé très intéressant. Il s’agit de l’enseignement. Ayant moi-même poursuivi des études longues et dispensant quelques cours dans l’enseignement supérieur, j’y suis particulièrement sensible. L’auteur explique que l’apprentissage se réduit souvent à des exercices d’applications quand des exercices de réflexion sont plus efficaces sur le long terme amenant vers la réussite des élèves. Il montre aussi qu’une des meilleures manières d’apprendre quelque chose passe par l’échec temporaire, du moment qu’on finit par avoir la solution derrière. A titre personnel, je m’en suis effectivement rendu compte dans mon métier : en faisant face à des bugs par exemple, c’est en investigant le problème en profondeur pour trouver la solution que je deviens meilleur, en tout cas meilleur que si cela avait marché du premier coup.

Sur la réussite enfin, j’ai bien adhéré au terme d’“amateur professionel” énoncé vers la fin du livre. Ce passage dévoile comment de grandes découvertes sont effectuées sans forcément suivre les chemins balisés de l’hyperspécialisation mais en pouvant utiliser des concepts plus ludiques ou en changeant régulièrement (pas forcément trop fréquemment bien sûr) de spécialisation. Une étude (d’une durée de 18 ans) de Philip Tetlock à l’appui, le livre nous relate aussi que les généralistes, apparentés à des renards, auraient de meilleures facultés à faire des prédictions que les spécialistes, apparentés à des hérissons.

Conclusion

Pour conclure, ce livre nous indique une nouvelle fois qu’il faut être curieux, oser s’intéresser à des domaines différents et ne pas avoir peur d’échouer. Je me retrouve bien dans ces valeurs et c’est ce que j’essaye de vous faire partager sur ce site. N’ayez donc pas peur d’être tantôt spécialiste ou généraliste et surtout n’ignorez pas le pouvoir des généralistes.

Sources